CultureÉcrivain·es en Seine-Saint-Denis
Le dispositif de résidences Écrivain·es en Seine-Saint-Denis est porté par le Département de la Seine-Saint-Denis. Il permet à des auteurs et à des autrices de mener un travail de création littéraire original, depuis 1986.
Entre septembre 2025 et juin 2026, des autrices s’immergent pendant dix mois dans des structures culturelles, cinémas, salles de concerts, des lieux patrimoniaux, des structures médico-sociales, afin de rencontrer les habitant·es et de nourrir leur travail de création.
Depuis 1986, le Département de la Seine-Saint-Denis propose un dispositif de résidences de création intitulé Écrivain·es en Seine-Saint-Denis. Son objectif principal est de faire accéder un public toujours plus nombreux et diversifié aux formes contemporaines de la littérature, tout en soutenant la création.
Tous les champs de la création littéraire sont concernés : fiction, essai, poésie, théâtre, bande dessinée et littérature jeunesse.
Associé·e aux activités d’une structure culturelle, d’une structure du champ social ou médico-social, d’un festival ou d’un lieu patrimonial, l’artiste se trouve au centre d’un projet original mené avec une diversité de partenaires.
Ces résidences d’une durée de dix mois permettent une immersion longue sur un territoire donné, favorisant l’émergence de créations situées, dans une démarche « d’aller vers » les publics. Elles offrent un cadre propice au déploiement et à la transmission d’un projet de création personnel.
Le Département fête en 2026 les 40 ans d’Écrivain·es en Seine-Saint-Denis. Six autrices ont été sélectionnées dans le cadre de cette saison-anniversaire.
Leurs projets ayant été conçus de manière individuelle, ils portent sur des thèmes particuliers : la migration, les violences faites aux femmes, la question des transfuges de classes, le sens politique des couleurs, la question de la vulnérabilité et celle de la nature des histoires. Alliant exigence et accessibilité, ces projets de création traitent chacun à leur manière d’enjeux contemporains.
Norah Benarrosh-Orsoni
Accueillie en résidence au sein de l’association Transmission, Pantin
L’autrice
Norah Benarrosh Orsoni est docteure en anthropologie, documentariste radio et écrivaine. Elle développe un travail à la croisée du documentaire et de la fiction, à travers des textes, des essais, des créations sonores et des performances. Ses recherches s’ancrent dans l’exploration des archives, de l’histoire queer et féministe, et abordent les questions d’identité et de filiation, réelles ou imaginaires.
La résidence
La résidence avec le collectif de création radiophonique Transmission permet à Norah Benarrosh-Orsoni de poursuivre l’écriture de son premier roman. Il explore l’influence de la culture nord-américaine sur les identités, ainsi que le rôle de la fiction dans des parcours marqués par la migration. Un dispositif de collecte sonore, le « cabinet de consultation radiophonique », fournira de la matière pour un futur documentaire accompagnant le livre. Le projet comprend un volet de transmission, avec des ateliers d’écriture et de création sonore. Les Laboratoires d’Aubervilliers accueillent un workshop autour de la performance et des séances d’écriture sur le thème À la recherche du bled perdu, tandis que le collectif l’AERI à Montreuil organise des projections en lien avec la cantine Le Pas si loin et les Laboratoires.
Karima El Kharraz
Accueillie en résidence dans les médiathèques de Sevran
L’autrice
Autrice et dramaturge formée en arts du spectacle et en littérature comparée, Karima El Kharraze explore les voix minoritaires, les généalogies féministes et la poésie des quartiers périphériques. Elle a créé plusieurs textes entre la France et le Maroc, dont la pièce de théâtre autobiographique Arable etles pièces Madame Flyna et Le Cafard et l’Orchidée. Elle collabore régulièrement en dramaturgie avec la metteuse en scène Christelle Harbonn.
La résidence
Le projet d’écriture de Karima El Kharraze consiste en un texte de théâtre dans lequel dialoguent Emma, une danseuse orientale et Amany, une jeune femme queer née dans une famille ivoirienne matriarcale. A travers leurs échanges, différentes histoires de femmes et de féminisme s’entrecroisent, convoquant les pratiques du jonglage et de la danse orientale. Ce texte s’adressera particulièrement aux collégien·nes qui entrent dans l’adolescence et ses questionnements sur le corps et le genre. Les établissements scolaires, le Conseil municipal de la jeunesse de Sevran et plusieurs associations de lutte contre les violences faites aux femmes sont associés au projet. La mise en scène du texte produit sera réalisée par la chorégraphe Emmanuelle Rigaud – dont est inspiré le personnage d’Emma – avec la participation de la comédienne et circassienne Prescillia Amany Kouamé.
Laure Desmazières
Accueillie en résidence à la médiathèque de Romainville
L’autrice
Née en 1986 à Grenoble, Laure Desmazières est autrice, scénariste et réalisatrice. Elle explore le voyage intérieur de ses personnages, le passage de l’intime au public et les liens humains, entre drame et comédie. Après avoir écrit pour d’autres et travaillé sur plusieurs courts-métrages, elle a réalisé deux courts diffusés sur France 3. Elle adapte actuellement le roman graphique La Dame blanche pour son premier long métrage, et a publié son premier roman, Coupez !, en 2024 chez Quidam Éditeur.
La résidence
La résidence à la médiathèque de Romainville permet à l’autrice de se consacrer à son deuxième roman. Celui-ci porte sur une affaire d’héritage autour d’un personnage « présumé absent », disparu depuis plusieurs années dans un accident de montagne sans avoir été déclaré mort. Les questions du deuil, de la perte de sens et de la maternité y sont centrales. Le volet transmission de la résidence aborde les thèmes du transfuge de classe, de la recherche d’identité et du lien. Des projections cinématographiques sont programmées au cinéma Le Trianon, avec une mise en valeur du travail des scénaristes femmes. Des ateliers d’écriture jeune public, des ateliers pour adultes et seniors rythment la résidence. Plusieurs partenaires y sont associés : la Micro-folie, la Maison des retraités de Romainville et l’EHPAD Bonisiaca de Bondy.
Hélène Aldeguer
Accueillie en résidence dans les médiathèques de Montreuil
L’autrice
Née en 1993 à Montreuil, Hélène Aldeguer est autrice-illustratrice. Son premier roman graphique, Un Chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française (2024), réalisé avec Alain Gresh, interroge le présent à travers le passé et les archives. Hélène Aldeguer est également l’autrice des bandes dessinées Après le Printemps (2018, prix de la BD politique de Sciences Po), Ce qui nous sépare (2020) et Manifestante (2022). Elle travaille actuellement avec des scénaristes sur deux nouvelles bandes dessinées centrées sur l’histoire politique du 20ᵉ siècle
La résidence
Dans le cadre de son projet de création, Hélène Aldeguer mène une recherche sur les enjeux symboliques des couleurs dans l’histoire du travail et des luttes sociales – du jaune des non-grévistes au rouge des syndicats, en passant par le noir des anarchistes. Ce travail doit aboutir à une bande dessinée. Ces recherches s’appuient sur un partenariat avec les médiathèques de Montreuil, qui ont fait de la mémoire des luttes sociales un axe important de leur projet scientifique et culturel. Le musée de l’histoire vivante constitue un autre partenaire important du projet, puisqu’il accueille pendant la saison 2025-2026 l’exposition Couleurs, une histoire du travail et des luttes. Celle-ci laisse une large place au travail d’Hélène Aldeguer, dans un dialogue étroit avec le fonds iconographique du musée. Un dispositif de médiation autour de l’exposition s’adresse aux scolaires et au tout public.
Clarence Boulay
Accueillie en résidence à la Maison des langues et des cultures d’Aubervilliers
L’autrice
Clarence Boulay est l’autrice de Tristan (2018, Sabine Wespieser), roman lauréat du prix Version Femina. Formée aux Beaux-Arts et à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en scénographie, elle a soutenu une thèse à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales sur l’élaboration des espaces de représentation. Son travail explore le lien entre écriture et espace. Tristan naît d’une rencontre avec l’île de Tristan da Cunha, tandis que son prochain livre s’intéresse à la reconstruction d’un personnage à travers sa relation avec son environnement.
La résidence
L’autrice propose un cycle d’ateliers d’écriture intitulé Murmurer tout haut. Celui-ci a pour but de favoriser l’inclusion et le partage, par la création et la mise en scène de textes d’invention. La notion d’inclusion concerne d’abord la question de la vulnérabilité et de la fragilité linguistique. Le second volet touche à la question de l’inclusivité des personnes âgées et de la perte d’autonomie. Le premier volet, relatif à la vulnérabilité linguistique, est construit et mis en place avec la Maison des langues et des cultures d’Aubervilliers tandis que le second volet s’adresse aux publics de l’EHPAD Constance Mazier. Les participant·es, issu·es d’origines et d’âges multiples, sont amené·es à échanger et à débattre sur des thématiques en lien avec l’écriture. Des liens se tissent aussi avec les médiathèques de Plaine Commune et avec le Point fort d’Aubervilliers, dans le cadre de la « Fête des langues » 2026.
Aurélie Olivier
Accueillie en résidence dans les médiathèques de Bobigny
L’autrice
Aurélie Olivier est née en 1986 à Trégrom (Côtes d’Armor). En 2021, elle initie et préface le livre Lettres aux jeunes poétesses, publié aux éditions de l’Arche. Mon corps de ferme (2023), son premier recueil, et Cordon Tombe (2025) sont publiés aux éditions du Commun. Depuis la création de l’association Littérature, etc. en 2013, elle est à l’origine de plusieurs festivals littéraires et du podcast Les Parleuses, qui revisite l’histoire de la littérature. Elle crée la lecture-projection Mon corps de Ferme avec la graphiste Anne-Lise Bachelier et propose des lectures et rencontres depuis 2023.
La résidence
Avec le projet Les histoires des histoires, Aurélie Olivier souhaite entamer la rédaction de son troisième livre et de son premier roman. Celui-ci revient sur les vingt années que l’autrice a passées dans le milieu du livre. Bien qu’ayant travaillé en librairies, et bien qu’étant à la fois autrice et lectrice, Aurélie Olivier ne s’est jamais immergée dans le monde des bibliothèques. Cette résidence au long cours lui permet d’élargir son point de vue afin de répondre à cette question qui l’obsède : Quelles sont les histoires qui racontent les histoires ? Sa résidence propose à la fois des permanences poétiques dans les médiathèques, un cycle d’ateliers Chercher les mots, destiné au tout public et aux structures sociales partenaires, ainsi que des cartes blanches et workshops.